samedi 18 novembre 2017

Les Stances à Sophie




Ce mois-ci, je participe à Femini-Books, un club de lecture dédié au féminisme dans la littérature, par le biais d'autrices qui décrivent dans leurs œuvres la condition des femmes dans la société d'hier, d'aujourd'hui et du futur. Pendant tout le mois de Novembre, les booktubeuses et blogueuses partagent leurs coups de cœur et c'est ainsi l'occasion de découvrir d'excellentes lectures ! Vous pouvez retrouver l'intégralité de ce mois consacré à la littérature féministe sur le compte Twitter de Femini Books : https://twitter.com/FeminiBooks

Ce mois-ci Fémini Books est sur Youtube  (vous pouvez les retrouver avec l'intitulé FEMINI BOOKS dans les vidéos ou encore avec la playlist sur la chaîne de la booktubeuse Opalyne) mais le club est aussi sur les blogs !

Hier nous étions chez World of Cléophis pour découvrir le livre de Titiou Lecoq "Libérées : le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale", et avant de retrouver Féé moi Lire demain, je vous présente aujourd'hui un livre important à mes yeux qui m'a fait rire, grincer des dents et beaucoup réfléchir.

Aujourd'hui, c'est donc à mon tour de participer avec mon coup de cœur : Les Stances à Sophie par Christiane Rochefort

Résumé Céline, jeune femme libérée, fait la connaissance de Philippe Aignan, un riche homme d'affaires et, contre toute attente, s'en éprend et accepte de devenir sa femme alors qu'elle n'a collectionné jusque-là que des aventures suivant son style de vie.

T'en as pensé quoi ? Je cherchais une lecture féministe avec des thématiques comme une réflexion de femme sur la vie actuelle, de couple, du rapport avec les autres (hommes et femmes) et on m'a donc conseillé "Les Stances à Sophie".

Je le note, le réserve à la Réserve Centrale puis l'oublie un peu. Lors de ma visite hebdomadaire en bibliothèque, je vois qu'il est disponible. Comme parfois avec la réserve, on peut avoir des surprises, je me retrouve avec un livre relié avec une couverture en tissu et les pages qu'il ne fallait pas trop malmener. J'avoue avoir un peu pris peur, je regarde la date de parution : 1963. 

Oulà.

Et en fait c'est le roman sur le couple, la femme, le mariage, les relations humaines peut-être le plus actuel que j'ai pu lire jusqu'à maintenant. L'autrice analyse par une série de réflexion la façon dont les hommes s'approprient la façon dont leurs compagnes doivent être (en tout cas en 1963, mais je mets au défi de nombreux couples de ne pas se reconnaître un minimum dans le récit) en société et dans l'intimité ( les premières lignes sur la façon dont Phillipe le compagnon de Cécile, le personnage principal, indique à sa copine combien elle serait mieux avec des cheveux longs, qu'elle ne devrait pas lire autant mais plutôt se préoccuper de son apparence sont drôles et en même temps complètement grinçantes et glaçantes). 

Et les choses ne s'arrangent pas une fois mariés…Cécile, la narratrice, réalise tout le long du récit un cheminement personnel dans lequel elle commencera par se perdre par amour pour son mec, pour se retrouver ensuite grâce à des rencontres précieuses pour elle, juste pour elle.


Cependant ce n'est pas seulement un roman sur le couple, mais aussi sur les relations sociales qu'on peut avoir dans le cadre de la belle famille ou des amies, sur le fait que personne ne s'écoute, que les discussions sont le règne du "MoiJe" (avouez, on le fait tous). L'autrice livre d'ailleurs quelques conseils pour se blinder, se protéger en observant ce petit cirque sans en prendre part et sans souffrir de ce que la famille/les amis de l'Autre peuvent dire/penser de vous. On pourrait presque l'appeler "guide de survie en société".

Bref, j'ai adoré ce livre, à tel point que je compte l'offrir à nombre de mes connaissances féminines, amies, mère, et sœur. 


Références : Les Stances à Sophie, écrit par Christiane Rochefort. Publié chez Le Livre de Poche (mais trouvable uniquement en occasion ou en bibliothèque)

Et n'oubliez pas ! Rendez-vous demain chez Fée Moi Lire

lundi 13 novembre 2017

L'art de la guerre 2


Résumé : « Dans la vie, on ne fait que s’occuper. Alors s’il nous arrive des trucs, bah tant mieux, ça laissera l’occasion de se rendre compte plus tard si on a Alzheimer. Et d’ailleurs, c’est les trucs les plus tristes qui font les meilleures histoires, une fois qu’on les a laissés vieillir en fûts de souvenirs. Les trucs moyens, on s’en fout : soit on ne les raconte pas, soit ils se rappellent plus de nous. » 2 500 ans après Sun Tzu, Sophie-Marie Larrouy écrit la suite du premier best-seller de l’histoire. Parce que nos guerres ont changé. Parce qu’on a plutôt en mémoire des galères de couples que des souvenirs de batailles en rase campagne. Parce que l’odeur des sapinettes accrochées au rétro nous est plus familière que celle des bivouacs militaires. Parce qu’il est beaucoup plus dur d’aimer les gens que d’être fâché tout le temps.

T'en as pensé quoi ? Quand on dit qu'un roman nous parle, on évoque souvent des émotions qu'on a pu ressentir en même temps que le personnage. Rarement parce que tout concorde et correspond avec notre propre enfance, avec des choses qu'on aurait très bien pu vivre.

Ici, du moins pour la partie Enfance et Adolescence, ce que l'autrice évoque dans son récit correspond en tout points à des situations que j'ai vécu, à des questions que j'ai pu me poser. Ages proches, vie à la campagne, envie d'être quelqu'un d'autre, ne pas comprendre certaines choses et puis la vie d'adulte qui arrive, et tout ce que ça entraîne..

Je me suis reconnue dans ce roman, dans ces questionnements. Sans en faire des caisses, c'est tout simplement une histoire qui va avec son époque. Nos amies auraient pu nous là raconter.

C'est peut-être un des premiers livres que j'ai lu qui parle autant de l'époque, de la mienne, passée et présente. 


Alors merci à l'autrice d'en parler avec autant de justesse et d'émotion. 

Références : L'art de la guerre 2, par Sophie-Marie Larrouy publié chez Flammarion. 

samedi 4 novembre 2017

Au revoir là-haut

Résumé  : « Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d'avantages, même après. »
Sur les ruines du plus grand carnage du XX° siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu'amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec Ses morts...

T'en as pensé quoi ? Quand je l'ai trouvé en librairie (la librairie Le Bookstore à Biarritz, une merveille) il y avait une note du libraire sur la couverture qui indiquait qu'on se ferait happer par le premier chapitre et qu'on ne pourrait pas refermer le livre avant de savoir comment ce ce chapitre se terminerait. Et...ce fût le cas ! 

L'écriture de Pierre Lemaitre est prenante, nous étions dans la tranchée avec les soldats, au cœur des tirs, baïonnette au canon, à l’affût du moindre assaut. Il possède un style franc et aussi très imagé qui permet de se représenter très vite l'action qui se déroule devant nous. 

Cependant, une fois l'assaut terminé, les blessés évacués, on a encore la tête qui tourne un peu, mais l'assaut passé, j'ai eu du mal, dans un premier temps à rester accrochée au récit. J'étais encore dans la fureur du combat que revenir à un rythme plus calme m'a déstabilisée. J'ai donc laissé le marque page dans le livre et je suis passée à autre chose. 

Et puis, le film est sorti. J'avais oublié l'histoire, mais je voulais voir le film car la thématique de la première guerre mondiale, ajoutée au style de Dupontel, tout cela me séduisait. 
Sortie en famille, on va voir le film, j'en suis ressortie bouleversée par le film, émerveillée par l'esthétique, et avec la furieuse envie de reprendre ma lecture. 

Je l'ai donc reprise, avec en tête, forcément les visages de Dupontel et Nahuel Perez Biscayart pour les personnages d'Albert et Edouard, et idem pour les autres personnages de l'histoire.. Mais cela n'a pas gêné ma lecture. 

Et cette fois je me suis laissée embarquer dans l'historie, et je l'ai lu avec le plaisir de découvrir une histoire qui était sur la même racine que le film mais qui allait en profondeur (en 619 pages, on a plus le temps d'aller loin dans les détails, les personnages, leurs émotions, que dans un film d'1h30) et qui permettait de comprendre encore mieux l'histoire et de l'apprécier encore plus. 

L'histoire en elle même est bouleversante, les personnages sont touchants, tous ont leur part d'ombre, et on aime suivre leurs histoires à travers cette période d'après guerre où chacun se débattait avec son passé, ses fantômes pour essayer d'affronter chaque jour le quotidien. Les ordures sont encore plus des ordures, les gentils ne sont plus vraiment gentils car ils essayent juste de s'en sortir. La grande histoire et ses conséquences (traumatismes, gueules cassés) rencontre les magouilles horribles (trafic de cadavres, dépouillement des morts..) et les petites arnaques. Evidemment, on ne peut s'empêcher de penser : et nous, qu'aurions nous fait ?

Le livre fait 619 pages, cela peut paraître un peu long, mais on y suit plusieurs histoires qui se recoupent et ont toutes une thématique commune : les conséquences de la première guerre mondiale sur les hommes et les femmes. Gérer l'après, ses conséquences sur ces hommes abimés par les attrocités de la guerre.

Je retiendrais une phrase parmi d'autres tirée du livre : "L'ennemi du militaire, c'est pas la guerre, c'est la hierarchie." 

Au revoir là- haut est une merveille. Je vous conseille de lire le livre avant le film, mais les deux se complètent très bien. Il existe également une bande dessinée que je n'ai pas encore en ma possession mais que je compte bien acquérir bientôt. 

Références : Au revoir là-haut, Pierre Lemaitre , Albin Michel. Prix Goncourt 2013. Disponible également en format poche.

jeudi 26 octobre 2017

Chroniques Lunaires Tome 1 : Cinder




Résumé : À New Beijing, Cinder est une cyborg. Autant dire un paria. Elle partage sa vie entre l'atelier où elle répare les robots et sa famille adoptive. À seize ans, la jeune fille a pour seul horizon les tâches les plus ou moins dégradantes qu'elle doit accomplir pour ses sœurs et sa marâtre. 
Mais le jour où le prince Kai lui apporte son robot de compagnie - son seul ami -, le destin de Cinder prend un tour inattendu. La forte attirance qu'éprouvent le beau prince et la jeune cyborg n'a aucune chance de s'épanouir, surtout que le royaume est menacé par la terrible reine de la Lune !
Débute alors pour Cinder une aventure incroyable, où elle découvrira que le sort de l'humanité est peut-être entre ses mains.

T'en as pensé quoi ? Ce livre est particulier pour moi car il correspond à mon second stage en médiathèque et à de belles rencontres dont celle qui m'a fait découvrir cette saga des Chroniques Lunaires. 

A la base, je n'étais pas une amatrice du genre. Ni du fantastique, ni de la revisite de conte. Et puis j'ai lu la première ligne, que Cendrillon soit un cyborg, c'est tellement loufoque que ça m'a plus direct. Oui, bon, je n'étais pas difficile à convaincre. 

Alors, le style n'est pas le meilleur que j'ai jamais lu. On reste dans du jeune adulte, il y a parfois certaines choses qui m'ont fait un peu lever les yeux au ciel du haut de mes prétentieux a-priori d'adultes. 

Ce livre m'a  cependant charmé par ce monde futuriste, par les clins d’œil au conte que je me suis amusée à retrouver. Je n'ai jamais aimé Cendrillon que j'ai toujours trouvé trop tarte dans l'histoire revisitée par Disney. Et là c'est tout le contraire et c'est tant mieux ! 

Si je lis peu de fantastique, j'en regarde un peu plus. J'ai vu dans cette univers futuriste un peu du 5ème élément de Besson, un peu de Blade Runner, un peu de Ghost in The Shell (je n'ai jamais lu le manga, oui je sais c'est mal).

Ce livre m'a fait l'effet d'un film pour lequel il faut partir du postulat de départ qu'il faut laisser ses repères au vestiaire, que ce soit ceux de notre société que ceux du conte pour accepter de se laisser guider. 

J'ai hâte à présent de découvrir la suite des aventures avec le tome 2 que j'ai à présent en ma possession. 

Références : Chroniques Lunaires, Tome 1 : Cinder, par Marissa Meyer chez Pocket Jeunesse

La fractale des raviolis

Résumé : Il était une fois une épouse bien décidée à empoisonner son mari volage avec des raviolis. Mais, alors que s’approche l’instant fatal, un souvenir interrompt le cours de l’action. Une nouvelle intrigue commence aussitôt et il en sera ainsi tout au long de ces récits gigognes. Véritable pochette surprise, le premier roman de Pierre Raufast ajoute à la géométrie rigoureusement scientifique, la collision jubilatoire du probable et de l’improbable.

T'en as pensé quoi ? Ce livre m'a complètement conquise. On y lit une combinaison de plusieurs histoires courtes toutes liées, en effet chaque histoire a un point commun avec celle qui là précède. 
Comme une conversation qu'on aurait avec une personne et qui nous ferait toujours penser à une autre histoire. Le schéma narratif est donc un régal, on en redemande encore et encore..

Ça commence avec une femme trompée qui décide d'empoisonner son mari. Et cette femme parle d'un souvenir, dans lequel un protagoniste raconte une histoire...Et avant que vous vous en rendiez compte, c'est déjà la fin du livre. 

Le style utilisé par l'auteur est vif, accrocheur, direct, sans fioritures et avec très peu de figures de style. Vous n'aurez pas dans ce livre de comparaison avec du lait pour décrire la couleur de la peau, ou d'un type de bois pour préciser la couleur des yeux. 
Et ça fait du bien !

D'ailleurs le physique des personnages est très très peu décrits, à part quand c'est vraiment essentiel au récit. 


C'est un roman adulte, une lecture courte (je l'ai lu en une après midi),qui aura de grandes chances de vous plaire. Entre absurde, tragi-comique, un peu fantastique, et parfois complètement loufoque, cette lecture était un vrai moment de plaisir !

Et je vous conseille de pousser jusqu'à la note de l'auteur en fin de roman, elle est très touchante.


Références : La Fractale des raviolis , Pierre Raufast, Editions Alma

mercredi 25 octobre 2017

Fangirl

Résumé : Cath et Wren sont des jumelles inséparables. Fans de Simon Show, elles passent leur temps sur les forums consacrés à l’auteur. Mais la passion de Cath a tellement pris le pas sur sa vie que Wren lui annonce l’impensable : cette année, à la fac, elles feront chambre à part. L’une est prête à renoncer à ses rêves pour profiter dignement des joies de la vie estudiantine. L’autre est soudain projetée dans un univers hostile dans lequel tout le monde - ses profs, sa famille et sa colocataire - méprise la fan-fiction. C’est alors qu’elle tombe sous le charme d’un obsédé de la littérature…


T'en as pensé quoi ? J'ai commencé ce livre en étant partagée. D'un côté, j'avais entendu Margaud de la chaîne Margaud Liseuse le vendre comme un livre doudou, et de l'autre que le personnage principal écrivait des fans fiction et qu'il s'agissait d'une fiction Jeune Adulte et j'avais peur d'être trop vieille pour ces thématiques..

Et j'ai gardé ça pendant toute la lecture, je dois l'avouer. D'un côté, j'ai beaucoup aimé le personnage de Cath, elle est misanthrope, elle aime se réfugier dans son univers et a besoin d'un cadre dans lequel elle se sent bien. Bref, elle me ressemble et donc je me suis identifiée.
J'ai également aimé la romance, parce que ben c'est une romance...Et j'aime les romances, on va pas se le cacher. 


J'ai aussi apprécié l'évocation de l'alcool et de ses dangers en arrière plan du récit. Toujours bon à prendre quand dans un roman destiné aux adolescents. 

Mais c'est tout le côté fanfic qui m'a assez vite soûlé, à tel point que j'ai assez vite arrêté de lire les extraits qui peuplent le livre pour me consacrer uniquement sur l'histoire "réelle". J'avais du mal à me mettre dans deux histoires parallèles.. 

J'ai trouvé que le roman laissait de l'espace aux lecteurs pas fans de fanfic car du coup on pouvait quand même suivre l'histoire sans être perdu. La romance est mignonne, les personnages sont attachants et ça se lit plutôt vite pour une briquette de 500 pages. 

J'ai été contente de lire ce livre, et j'ai eu du mal à quitter Cath à la fin du récit (j'ai un peu fait traîner les dernières pages..), j'aimerai bien là retrouver dans une suite, si jamais Rainbow Rowell décide l'écrire un jour.. 

lundi 23 octobre 2017

La vague

Résumé : Pour faire comprendre les mécanismes du nazisme à ses élèves, Ben Ross, professeur d'histoire, crée un mouvement, la Vague, aux slogans fort : "La Force par la Discipline, la Force par la Communauté, la Force par l'Action". En l'espace de quelques jours, le paisible lycée californien se transfgorme en microcosme totalitaire : avec une docilité effrayante, les élèves abandonnent leur livre arbitre pour répondre aux ordres de leur nouveau leader, lui-même totalement pris par son personnage.
Quel choc pourra être assez violent pour réveiller leurs consciences et mettre fin à la démonstration ?

T'en as pensé quoi ? 

J'ai beaucoup aimé cette courte histoire, même si j'ai trouvé que la temporalité était très rapide. De plus, les personnages ne sont à mon goût pas assez détaillés, j'aurai aimé en savoir plus sur eux, leurs caractères, ce qui les a amené à faire ces choix. Si l'auteur l'avait voulu, ils auraient pu creuser vraiment les personnages, leur passif, leurs familles..Mais je pense que ça n'a jamais été le choix de l'auteur qui voulait plutôt raconter une expérience.
Avec un format si court (200 pages), il était difficile de faire une analyse approfondie de la mécanique montrée dans le roman. 

Je pense que ce livre peut être un très bon support de cour pour des élèves en Histoire (je ne suis pas enseignant donc c'est facile de dire ça...), mais pour illustrer le propos du professeur. A savoir que oui, les choses pourraient très bien se répéter aujourd'hui. Utile, je pense. 


dimanche 22 octobre 2017

Tant que nous sommes vivants



Résumé : "Nous avions connu des siècles de grandeur, de fortune et de pouvoir. Des temps héroïques où nos usines produisaient à plein régime, et où nos richesses débordaient de nos maisons.
Mais un jour, les vents tournèrent, emportant avec eux nos anciennes gloires. Une époque nouvelle commença. Sans rêve, sans désir.
Nous ne vivions plus qu'à moitié, lorsque Bo entra, un matin d'hiver, dans la salle des machines."

Folle amoureuse de Bo, l'étranger, Hama est contrainte de fuir avec lui. Commence alors pour eux un fabuleux périple à travers des territoires inconnus. Leur amour survivra-t-il à cette épreuve ? Parviendront-ils un jour à trouver leur place dans ce monde ?


T'en as pensé quoi ?


J'avais beaucoup entendu parlé d'Anne Laure Bondout, cette autrice a la réputation d'être très forte pour réaliser des romans jeunesse touchants, forts en émotion et loin des mièvreries qu'on pourrait lire parfois en Young Adult, voir en Jeunesse.


Je n'ai pas été déçue. Rarement un livre m'a autant émue que celui-ci et cela par plusieurs aspects :


-Les thèmes : ils sont multiples, entre préservation de la planète, leçon sur la vindicte populaire, la force de l'amour, de l'amitié..Tous ces thèmes constituent les coutures de l'histoire. 


- Les personnages : ils ne sont pas parfaits, ils ont leurs défauts, leurs faces d'ombres et de lumière. Même s'ils fleurent parfois avec le fantastique, l'autrice préfère s'attarder sur des personnages parfois marginaux, mais qui sont justement marginaux parce la société a décidé qu'ils l'étaient. 

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur les personnages, principaux comme secondaires, mais sans spoiler ça sera difficile donc je vous laisserai les découvrir. 

- Le fantastique : c'est l'aspect qui m'a peut-être un peu dérangé, je ne l'ai pas forcément trouvé nécessaire, mais il ajoute un côté qui élève un peu le récit, et le permet de se détacher de ce côté sombre qui pourrait l'alourdir.


On est ici dans une fable sombre, dans laquelle on pourrait y voir du désespoir, mais aussi beaucoup d'espoir car tout est encore possible..Tant que nous sommes vivants. 

jeudi 24 août 2017

Rage - Orianne Charpentier



Résumé :

RAGE... C'est le surnom que son amie lui a donné. 
C'est désormais ainsi qu''elle se nomme, pour oublier son prénom, ce nom d'avant, celui de son enfance, d'avant l'exil, la déchirure. Son pays d'origine, on ne le connaîtra pas.
Il nous suffit de deviner que Rage a eu affaire à la violence des hommes, de la guerre. Et voilà réfugiée en France, sans plus de repères, ni de famille. Telle une bête traquée, elle se méfie de tous. Mais un soir, sa route croise celle d'un chien - dangereux, blessé, visiblement maltraité. Désormais, sa propre survie passe par celle de l'animal..

T'en as pensé quoi ? Avec un sujet très difficile, l'auteure a réussi à le situer dans une temporalité et un cadre qui pourra parler aux adolescents et aux plus grands.

Avec des repères sociaux qui leur parleront comme un chien, une amie fidèle et très proche - comme une sœur -, une fête dans un endroit qu'on ne connaît pas, des gens qu'on vient de rencontrer mais avec qui, à cause des événements vécus ensemble, on se retrouve à partager des choses très fortes et à vivre intensément la situation, l'auteure a construit un récit qui permet de rentrer tout de suite dans l'histoire et d'avoir envie de suivre l'histoire. A tel point que les 104 pages du récit défilent toutes seules sans qu'on repose le livre.

La temporalité employée : une soirée, une nuit, jusqu'au lendemain matin permettent également de cadrer parfaitement le récit, on est avec eux, et les différents éléments employés ( la soirée,  la lumière qui baisse, l'ambiance particulière d'une clinique, les néons, la lumière qui se lève le lendemain matin..) cadrent et rythment le récit. On est accrochés avec ce laps de temps très resserré, on sait que tout cela se passe en très peu de temps, et ça contribue au fait de ne pas lâcher ce livre.

Ne pas en savoir trop sur le personnage de Rage permet au lecteur de construire sa propre histoire, peut-être au jeune lecteur de se protéger, ne pas trop en savoir permet peut-être d'omettre certains détails qu'un esprit d'adulte aura déjà vu dans des reportages. Elle reste une jeune fille, il conviendra peut-être aux adultes dans l'entourage du jeune lecteur de compléter cette lecture par une discussion autour de la thématique des mineurs isolés et plus largement de la guerre, des mariages forcés et des enfants migrants.

Je recommande vivement ce livre qui est, pour moi, une petite pépite courte et incisive.

RAGE
Orianne Charpentier
104 pages
Gallimard Jeunesse

mardi 15 août 2017

L’île aux mensonges






Résumé :  Faith Sunderly, 14 ans, est la fille d'un révérend et éminent naturaliste. Accusé d'avoir trompé la communauté scientifique, il part s'exiler avec sa famille sur une île au large des côtes anglaises. Mais les rumeurs l'accablent et bientôt il est retrouvé mort. Suicide déshonorant comme le fait croire la respectable société victorienne ? Ou assassinat, comme en est persuadée sa fille ? Avec son insatiable curiosité, Faith mène seule son enquête, qui l'entraine de révélations en secrets précieusement dissimulés. Elle est prête à défier toutes les convenances sociales pour faire surgir la vérité. Mais cette vérité pourrait se révéler dangereuse....


T'en as pensé quoi ? 

Quoi de plus agréable quand on commence un livre en se disant juste qu'on va passer un bon moment d'en ressortir surprise, étonnée par notre lecture ? Ce fût mon cas ici !

J'en avais entendu parler comme d'un petit "polar" jeunesse, féministe, sans prétention.
Je l'ai trouvé très bien écrit, avec des thématiques fortes, une enquête qui ne nous lâche pas. On s'identifie tout de suite aux personnages, les décors sont très bien décrits, la galerie de personnage est vraiment qualitative et avec peu de clichés.

L'enquête est surprenante, on ne pensait pas être entraînés dans ce genre d'histoire, et j'ai trouvé certaines décisions et certains "états" dans lequel se met le personnage principal ^plutôt surprenants pour un roman "jeunesse". De même que l'acharnement du personnage principal pour découvrir la vérité, bien que touchant et bien décrit (on a envie d'être à ses côtés, de l'encourager, de l'aider) peut surprendre et on aurait envie de dire à un jeune lecteur que c'est très honorable, mais qu'en vrai il faudrait peut être en parler avec un adulte. (Comment ça, j'ai un côté mère poule ?)

Bref, voilà un livre que j'aurai aimé lire quand j'avais 14 ans, que je m'ennuyais dans mon quotidien sans relief. Ici on s'évade, on s'interroge, on élabore des théories, on est à fond dans l'histoire, et ça fait du bien.

Le style employé est classique, on ne prendra pas le jeune lecteur pour un idiot, et on interrogera même les lectrices avec le statut du féminisme au 19ème Siècle.

Car oui le féminisme y tient une grande place ! Le personnage principal, une jeune fille dont on évoquera le fait qu'elle devrait bientôt se marier, avec une dot, pour avoir une situation, ne l'entend pas du tout de cette oreille et voudrait exercer plus tard la passion de son père, à savoir l'étude de la faune et de la flore, profession à l'époque exclusivement masculine

On notera les observations que le personnage principal fait de la société à l'époque, du fait que les femmes ne sont jamais conviés à parler science, politique, économie, etc.. Qu'elles ne peuvent tout simplement rien faire sans l'autorisation de leur mari. On notera que cela n'a changé que dans les années 70, 1970...

Une lecture donc à conseiller aux adolescents, et adolescentes qui voudront frissonner et apprendre, et aux adultes, pour les mêmes raisons.

L’île aux mensonges
Frances Hardinge
Gallimard Jeunesse

lundi 14 août 2017

Le goût du bonheur - Tome 1 - Gabrielle



Résumé : Réunis dans leur résidence estivale de l'île d'Orléans, non loin de Québec, les Miller et leurs six enfants offrent l'image de l'harmonie et de l'aisance. La crise des années trente les a épargnés.
Chez eux, le goût du bonheur l'emporte sur les conventions et les préjugés d'une société paroissiale et étouffante. Comblée par un mari intelligent et sensuel, Gabrielle aspire à encore plus de liberté, prête à la révolte. La tendre et violente Adélaïde, sa fille, est déchirée entre sa tendresse pour le jeune Florent et sa passion pour l'Irlandais Nic McNally.

Partout, alors que la rumeur de la guerre enfle en Europe, s'annoncent des orages du cœur, des menaces, des trahisons, la maladie. Mais rien ne semble pouvoir briser le courage et l'énergie vitale des Miller.

T'en as pensé quoi ? Cela faisait fort longtemps que je n'avais pas lu de saga familiale. Sur fond d'histoire du Québec et plus généralement d'histoire mondiale (nous sommes dans l'entre deux guerres), chaque personnage de cette famille (de sang ou étendue) prend sa place et se bat avec son destin.

Beaucoup porté sur la description, ce roman pourrait être adapté au cinéma, j'ai d'ailleurs pensé aux film Légendes d'Automne (avec Brad Pitt et Anthony Hopkins notamment) en lisant ce livre. Les saisons défilent entre Montréal et Québec, entre la résidence principale et l'île où se retrouvent la famille pour les vacances. Chaque personnage voit son destin perturbé par les convenances de l'époque (se marier une fois l'âge venu pour les jeunes filles par exemple), mais aussi par le contexte historique (la montée de voix féminines pour les droits des femmes au Québec, le crack boursier de 1929 et la faillite qui a touché des milliers de personnes, la montée du nazisme en Europe et aussi au Canada, le début de la seconde guerre mondiale, Pearl Harbor).

Dans ce tome, on suit particulièrement Gabrielle, la mère de famille, qui elle même se bat entre ses opinions personnelles, sa foi, ses convenances, et ses envies de liberté. Très séduisante, elle fera tourner des têtes et n'apportera parfois pas toujours du bonheur autour d'elle.

Le premier tome fait plus de 800 pages, j'ai eu parfois un peu de mal avec certaines longueurs, mais l'auteure réussit à nous attacher aux personnages, et on souffre avec eux durant les différentes épreuves qu'ils traversent (et ils ne sont pas épargnés).
C'est une véritable saga familiale qui s'étale sur plusieurs années, et l'auteure laisse vraiment le temps aux personnages de changer, grandir, s'affirmer.

Le style est assez particulier, il n'y a pas de chapitre, le récit reste aéré mais cela peut dérouter au début. Cela permet d'être encore plus immergé dans l'histoire de cette famille, et d'avoir l'impression de les accompagner pendant leurs épreuves. Car la vie avec eux est parfois une épreuve, croyez moi.
Le goût du bonheur est parfois amère et difficile, il faut souvent bien le chercher, au fond, quelque part..

J'ai cependant trouvé la fin un peu expédiée, j'aurai aimé passer plus de temps avec certains personnages pour rentrer plus dans leur mental dans la période trouble qu'ils traversent et les accompagner vers leurs destins.  Cependant, je n'ai pas encore commencé le tome 2 qui se consacre à Adélaïde, donc je me dis que si ça se trouve il s’enchaîne directement après la fin du premier.

On verra donc !

Le goût du bonheur - Tome 1
Marie Laberge

jeudi 10 août 2017

Rendez-vous au Cupcake Café




Résumé :

Issy est indéniablement douée pour la pâtisserie ! Ses collègues de la City se régalent chaque semaine des délicieux gâteaux qu'elle apporte au bureau. Elle tient ce talent de son grand-père qui a consacré sa vie entière à sa boulangerie. C'est à ses côtés, dans la chaleur des fournils, qu'Issy a grandi et appris les secrets des cupcakes moelleux. 
Quand elle est brutalement licenciée, Issy décide de suivre son cœur et de se consacrer à sa passion pâtissière. C'est aussi pour elle une façon de rendre hommage à son grand-père dont la santé décline peu à peu... Mais ouvrir une boutique à Londres n'est pas de tout repos. La jeune femme découvre rapidement que de nombreuses personnes sont prêtes à lui mettre des bâtons dans les roues pour faire capoter son projet de Cupcake Café. 
Avec pour seules armes sa volonté sans faille et ses précieuses recettes, Issy décide de se battre pour concrétiser son rêve. 

T'en as pensé quoi ?

J'ai acheté ce roman sur mon lieu de vacances, en me disant qu'il allait me durer quelques jours vu qu'il est assez épais en grand format (499 pages). Il m'a duré trois jours !
Ce roman fait partie des lectures qui font du bien. L'histoire est simple mais fonctionne, on s'identifie au personnage principal et on vit avec elle ses mésaventures. 
Le style est simple, cela facilite la lecture, même si cela pourra choquer certains qui auront l'habitude de romans plus profonds, plus construits. Ce n'est pas ce qu'on recherche ici. Ici le seul but sera la détente, la romance, les histoires de famille, et...La pâtisserie ! 

Je recommanderai ce roman et ceux de l'auteur en général pour reprendre goût à la lecture après une panne ou pour se changer les idées quand le reste ne tourne pas rond autour de vous. 
Ouvrir un livre pour se changer les idées, ça fait tellement de bien !


Rendez-vous au Cupcake Café 
Jenny Colgan
499 pages
Edition Prisma 

vendredi 5 mai 2017

Dernières lectures : tops et flops




Bonjour à tous,

Deux mois sans article, il était temps de revenir ! Je suis désolé de mon absence, mais à cause des cours je n'ai pas beaucoup eu le temps de lire, et encore moins de faire des articles.

J'ai donc lu beaucoup de livres pour les cours, et des livres qu'on m'a envoyé, j'essaie d'honorer au mieux les envois des maisons d'édition, car un livre a un coût et je ne voudrais pas paraître pour la personne à qui on envoie des livres et qui n'en parle pas. Un peu de patience donc, je parlerai de chaque livre dès que j'aurai eu le temps de les lire.

Dans les tops


Pour les cours, j'ai lu plusieurs livres de Patrick Modiano. Classique parmi les classiques, j'ai particulièrement aimé Ronde de Nuit, et dans un autre genre Un Pedigree. J'aurai l'occasion d'y revenir ici.

J'ai aussi du lire V-VIRUS de Scott Westerfeld, et j'ai beaucoup aimé ! Roman adolescent qui traite la thématique du vampirisme et de la contamination avec comme personnage principal un adolescent de 19 ans. Je le recommanderai pour les prochains ados qui passeront sur ma route.

Harper Collins m'a fait parvenir Les Figures de l'Ombre de Margot Lee Shetterly, le livre dont a été tiré le film qui raconte le parcours des mathématiciennes qui ont contribué à la  conquête de l'espace par les américains avec la NASA.

J'ai été dérouté par l'aspect documentaire du livre, je m'attendais à un roman et en fait comme c'est une histoire vraie, le livre est un documentaire et j'ai parfois trouvé que l'histoire se noyait dans les détails.
Il est toujours en cours de lecture, je vous en dirais plus quand je l'aurai terminé.


Dans les flops

J'ai lu l'Aura Noire de Ruberto Sanquer..Et je n'ai pas trop aimé. Je l'ai même abandonné en cours de route.  Je pense que je n'ai accroché ni au style, ni à la thématique. Je le garde cependant pour le conseiller à ma nièce si la thématique lui plaît.

J'ai également commencé La langue d'Altmann de Brian Evenson. Nouvelles courtes rassemblé dans ce recueil. Thématiques trop glauques pour moi, je me pencherai cependant sur le second opus car j'en ai entendu du bien.


Voilà pour moi, à très bientôt pour mes prochaines lectures !

mercredi 15 février 2017

De Community Manager à Bibliothécaire




Aujourd'hui un article un peu plus personnel.

Je profite d'une bronchite qui m'empêche de lire posée au calme (oui c'est dur de rester concentré quand on tousse toutes les 10 minutes), pour en dire un peu plus sur mon parcours, et sur combien j'aime la nouvelle voie que j'ai choisi.

Il y a encore un an, j'étais community manager. C'est à dire que je m'occupais des réseaux sociaux de marques connues et moins connues, d'entreprises ou d'associations.
Ce métier, je l'ai un peu pris par hasard à un moment où je cherchais juste de quoi remplir mon frigo et payer mon loyer. Il s'est trouvé qu'il m'a plu, du moins au début, et que je l'ai exercé avec des hauts et des bas pendant 7 ans.

Et puis, un jour, j'ai constaté que mon métier ne me convenait plus car il avait pris un accent beaucoup trop "marketing" pour moi, il était temps pour une ré-orientation professionnelle.

A 31 ans, l'introspection n'est pas chose aisée. Une fois l'impression d'avoir acquis des compétences qui ne me serviront plus et d'avoir perdu mon temps (alors que ce n'est pas le cas) mis de côté, je suis revenue à mes premières amours. Les livres, et l'échange humain. Bon, même si techniquement en vrai, aujourd'hui, je range quand même beaucoup.


et à râler parce que bon dieu c'est pas dur de ranger une revuuuuuuue !

Les bibliothèques et moi, c'est une histoire d'amour depuis toujours. Quand j'étais petite, c'était mon lieu de sortie favori. On y allait le mercredi après-midi après le purée-jambon-doctor Quinn Femme Médecin, et le samedi matin avant le pain-chaussons aux pommes et le poulet frites.
Des petites traditions qui ont construit ma curiosité de lectrice et permis à ma mère que je lui fiche un peu la paix. J'ai donc beaucoup entendu : "va tester le nouveau jeu sur l'ordinateur". Oui parce qu'à l'époque il y avait trois jeux sur le seul poste informatique de la petite bibliothèque et j'allais y jouer avant de repartir avec une pile de BD pour mon père, des beaux livres pour ma mère, et des petits romans pour moi (oui une carte chacun, à l'aise.)

Au lycée, j'ai rencontré une documentaliste merveilleuse qui m'a fait découvrir "Les Chroniques de San Francisco" d'Armistead Maupin qui reste l'un de mes classiques devant l'éternel.
J'allais là voir quand j'avais passé les passages cruciaux et j'adorais en parler avec elle. C'était vraiment des moments géniaux.

Et puis j'ai découvert le web, et les livres et ses métiers sont passés au second plan.Et c'est ici qu'est arrivé le métier de Community Manager.

Le retour à l'histoire d'amour fut tardif, mais comme un vieil amant qu'on retrouve, le retour n'en a été que plus fort. Alors j'ai décidé de reprendre mes études pour devenir... Bibliothécaire !

Alors oui, parfois on a cette image :



Et moi aussi, j'avoue. Ou encore l'image d'une dame assez âgée qui aurai assez ressemblé à celles qui peuplaient la bibliothèque de mon enfance. Mais aujourd'hui le métier a changé, et tous les profils s'y retrouvent.

Déjà il faut savoir qu'il y a différents types de bibliothécaire. En gros, vous pouvez choisir de travailler en bibliothèque de lecture publique ( bibliothèques municipales), ou en bibliothèque universitaire. Pas les mêmes publics, pas les mêmes documents, pas les mêmes enjeux. Chacun ses goûts, moi ce sont les bibliothèques municipales qui m'attirent.

Comment j'apprends le métier ?

- Les Etudes 

Il y a plusieurs façons d'apprendre le métier de bibliothécaire. On peut passer par une formation Métiers du Livre, comme par exemple ici à Paris Nanterre et il en existe d'autres en France.

Seulement, quand on est dans une ré-orientation professionnelle, à 27,30,40,50 ans ou plus, on n'a pas forcément envie de se taper deux ans de DUT, trois ans de Licence, ou plus encore ! Et surtout les établissements de financement, que ce soit Pôle Emploi dans le cadre d'une procédure de financement d'une formation (si ça vous intéresse, dites le moi en commentaires, je développerai) ou d'un FONGECIF (c'est à dire - en gros - que votre employeur actuel vous finance votre formation), ils ne sont parfois pas très chaud pour financer des études longues, et préfèrent une formation d'un an diplômante qui vous remettra fissa sur le marché du travail sans passer par la case chômage.

J'ai donc choisi l'option Médiadix qui est le Centre régional de formation aux carrières des bibliothèques. Il permet de préparer les concours, mais dispense aussi une formation pour obtenir un diplôme d'université : Techniques Documentaires et Médiation Culturelle.
C'est donc cette formation que j'ai choisi. C'est une formation qui est accessible sur dossier et entretien. Elle rassemble 28 étudiants de tous âges et horizons différents. Et c'est cette diversité qui fait la force de la classe et de la formation. Personne n'est moins bon qu'un autre,

La formation dure donc de Septembre à Juin et se termine par un stage. Nous étudions tout ce qui fait l'essence du métier de bibliothécaire : les langages d'indexation, les différentes facettes du métier (management, littérature jeunesse, musique, cinéma, animations, accueil...). C'est très complet et intéressant.

Pendant votre année d'étude, vous pouvez choisir de passer les concours d'Etat (plus d'infos ici) et de la Fonction Publique Territoriale , mais aussi pour la ville de Paris (plus d'info ici), si vous avez votre concours, vous serez stagiaire pendant un an, puis titularisé. Sinon, vous êtes contractuel et vous pouvez aller à la pêche aux postes. Et il y en a. Plus en B.U, qu'en B.M, c'est vrai.


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- Le travail sur le terrain 

Après, la formation c'est bien. Mais le boulot en vrai, c'est aussi pas mal. Depuis quelques semaines, j'ai commencé à travailler comme vacataire dans une bibliothèque parisienne. Et rien ne vaut le travail de terrain ! Ça permet de se rendre compte de ce qu'on aime faire, et pas faire !

Moi par exemple, je savais que j'aimais ranger, mais je ne savais pas que le secteur Jeunesse serait un tel coup de cœur. Et pourtant, c'est le cas. Et je ne maîtrise pourtant pas tellement le sujet. Mais cela a été un vrai coup de cœur d'être au contact des enfants et de leurs parents. Ce n'est pas plus doux que les adultes seuls, et beaucoup plus bruyant. Et pourtant...

Qu'on me demande un livre pour une fille qui aime joueur avec les mots, une ado qui cherche le tome 8 de sa série, un papa qui cherche des livres pour le moment du dodo, ou des livres pour une fête d'anniversaire... Chaque jour est une découverte, et aucun ne se ressemble.

Aujourd'hui, je suis seulement vacataire donc j'inscris les personnes, je range et je renseigne. Je ne gère pas de fonds de documents (livres, revues, CD, DVD), je n'anime pas d'ateliers mais déjà j'aime beaucoup mon travail et c'est une vraie révélation.

Une dernière chose : quel changement avec le privé ! Et l'usine que cela peut-être. Ici, on se tire peu dans les pattes pour accéder à un meilleur poste, on ne vous colle pas en service public sans vous former, on vous laisse le temps. Et que c'est bien ! Une vraie bouffée d'air frais. Et c'est tellement bien...

Les bibliothèques ne sont plus un lieu poussiéreux où mamie venait rendre son Harlequin un peu en cachette et papi lire son Parisien. Ils sont toujours là, et on les aime nos anciens, mais c'est aussi un lieu où se côtoient cultures numériques, mangas, ateliers de hacking, musiques, projections...

Venez donc faire un tour !

Ah et les toilettes, ça sera sur votre gauche. Bonne journée.


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mardi 14 février 2017

American Requiem - Jean Christophe Buchot



Quoi de mieux pour la Saint Valentin que de parler d'un destin tragique, d'un homme amoureux, d'histoires contrariées ? Et si on vous disait que le personnage principal est un homme emblématique de l'histoire américaine qui nous parle depuis l'au delà ? On ajoutera enfin que cette histoire est servie dans un objet livre entre le roman noir et le roman graphique !

Je vous parle ici d'"American Requiem" qui sera publié aux éditions A La Renverse dans la collection Roman Noir le 15 Février que m'a très gentiment proposé de découvrir la maison d'édition. Un grand merci à eux ;)

De quoi ça parle ? Depuis l'au delà, on fait en effet la connaissance de John F. Kennedy, président des Etats Unis d'Amérique, assassiné le 22 Novembre 1963 à Dallas, Texas. 
Tout le monde connaît la scène mythique, la voiture décapotable, Jackie en tailleur rose, et le tir qui mettra fin à la vie du président mais aussi à tout une époque. 
Point d'enquête pour savoir si c'est la CIA qui a voulu éliminer le président, mais un récit de la vie de ce dernier, raconté à la première personne.

Le président revient sur son enfance, hantée par la disparition de son frère, les exigences de son père, et sur sa vie d'adulte, avec la maladie en fond, et les histoires d'amour, et les questionnements personnels qui ont traversé sa vie d'homme et sa vie de président. 



T'en as pensé quoi ?  La Famille Kennedy est un sujet qui m'intéresse. J'ai regardé beaucoup de documentaires, lu des articles, et le livre de Stephen King sur l'assassinat est dans ma PAL de 2017. 

Ce que j'ai tout d'abord aimé dans le livre c'est que l'auteur s'est documenté, et j'ai même appris des choses que je n'avais pas encore lu ailleurs. Ce qui est un bon point. 

J'ai ensuite aimé le fait que le récit soit à la première personne, et qu'on voit l'homme derrière le président. Comme on verra la femme derrière la première dame dans Jackie qui est sur les écrans de cinéma actuellement. 

Egalement, j'ai apprécié l'objet livre en soi, car le récit est accompagné d'illustrations réalisées par Hélène Balcer et Yann Voracek qui permettent de mettre en image les pensées du narrateur et aparaissent parfois comme des rêveries plus ou moins hallucinatoires qui pourraient apparaître dans l'esprit de celui-ci. Et du coup dans notre esprit. 

Que ce soit cette étudiante avec qui il entretiendra une relation, l'avion de son frère qui s'est écrasé en mer, Marylin, ou encore cet enfant mort peu de temps après sa naissance...Les illustrations témoignent très bien des troubles qui habitent son esprit. 

Le récit est articulé en parties qui retracent la vie du narrateur. Cependant, toujours hanté par son assassinat qu'on devine tout récent. J'ai aimé accompagner John dans ses souvenirs, même si l'omniprésence des "je suis mort" m'a parfois un peu dérangé, je l'avoue.

On ressentira néanmoins les regrets et la tristesse qui ont suivi le narrateur pendant toute sa vie. Ne pas pouvoir faire ce qu'il voulait, ni aimer qui il voulait, avoir toujours le fantôme de son frère, devoir prendre des décisions qui ne lui plaisaient pas forcément. J'ai vraiment ressenti cette impression de ne rien pouvoir contrôler.

Beaucoup de mélancolie, de regrets, et surtout de solitude dans ce récit. Comme si la mort était finalement le repos tant attendu. Il en parle d'ailleurs plusieurs fois, comme de cette mort qu'il s'attendait à rencontrer et qui viendra le prendre plus tard que prévu,mais pas assez tôt pour le narrateur. 

Pour une vraie plongée dans le roman noir, moi qui n'avais jamais terminé un roman noir jusqu'à maintenant, j'ai adoré commencer avec ce roman, et avec les illustrations qui permettent de s’imprégner encore plus du récit. 

Je vous conseille donc vivement de vous rendre sur le site des éditions La Renverse pour en savoir plus ! 

jeudi 2 février 2017

Un bûcher sous la neige



Ça ne m'était encore jamais arrivé avant de me reconnaître autant dans un personnage. 
Cette amoureuse de la nature, qui l'a décrit de façon aussi précise, en parlant autant des petits détails que des ressentis que la nature laisse sur notre peau et sur nos émotions, c'était une véritable rencontre. Une amie avec qui on aurait envie de se perdre dans les forets d'Europe et d'ailleurs..

De quoi ça parle ? Au cœur de l'Ecosse du XVIIe siècle, Corrag, jeune fille accusée de sorcellerie, attend le bûcher. Dans le clair-obscur d'une prison putride, le Révérend Charles Leslie, venu d'Irlande espionner l'ennemi,l'interroge sur les massacres dont elle a été témoin. 
Mais, depuis sa geôle, la voix de Corrag s'élève au-dessusdes légendes de sorcières, par-delà ses haillons et sa tignasse sauvage. Peu à peu, la créature maudite s'efface ; du coin de sa cellule émane une lumière, une sorte de grâce pure. Et lorsque le révérend retourne à sa table de travail,les lettres qu'il brûle d'écrire sont pour sa femme Jane, non pour son roi. 
Chaque soir, ce récit continue, Charles suit Corrag à travers les Highlands enneigés, sous les cascades où elle lave sa peau poussiéreuse des heures de chevauchée solitaire. Chaque soir à travers ses lettres, il se rapproche de Corrag, la comprend, la regarde enfin et voit que son péché est son innocence et le bûcher qui l'attend le supplice d'un agneau.

T'en as pensé quoi ?  Le roman commence par une description des Highlands, lieux d'Ecosse déjà comptés de nombreuses fois dans les romans, lieux de têtes coupées et de romances intemporelles, mais cette fois, j'ai aimé qu'ils soient décrits avec dureté et poésie en même temps.
Oui il fait froid, il pleut beaucoup, il y a du vent, la nature et rude et ne pardonne rien, mais c'est comme ça qu'on l'aime. 

Le personnage fuit l'Angleterre pour se réfugier au coeur des Highlands. D'abord sauvage, elle fait peu à peu connaissance avec les membres du Clan qui habitent le village le plus proche.
Découpé en plusieurs parties, on suit d'abord l'enfance puis la fuite et enfin la vie en Ecosse.
C'est une histoire qui ne laisse pas indemne, comme une rencontre qui laisse une trace sur votre peau.

Le style d'écriture est simple, l'auteur ne s’embarrasse pas de figures de styles pompeuses pour raconter le quotidien du personnage de Corrag. Accessible ainsi à tous les publics, il permet de se fondre rapidement dans l'histoire. A l'origine en anglais, j'ai eu du coup envie de le relire dans cette langue, pour avoir encore plus l'impression "d'y être". Car c'est bien là la magie de cette histoire. Que l'on soit avec elle dans sa cellule, ou dans sa petite maison, les détails évoqués permettent de vivre au rythme de la respiration du personnage.

Je me suis surprise plusieurs fois à prendre en photo des passages pour en parler plus tard à mes amis et leur raconter pourquoi ce passage m'avait marqué. Qu'elle décrive une journée d'hiver, ou la lumière ressentie par l'arrivée d'un être cher, j'ai eu l'impression qu'elle me parlait directement.

Et cette nature évoquée...J'ai grandi en Auvergne, et l'un de mes loisirs était d'aller me balader sur les chemins pour sentir toutes les odeurs, ressentir le froid sur mes joues, voir les couleurs de la nature..Et là, j'y étais, j'étais de retour en Auvergne, j'étais dans les bois...

Et je veux déjà y retourner !

Un Bûcher sous la neige 
476 pages
8 euros en poche chez J'ai Lu

dimanche 22 janvier 2017

Idéal Standard - Aude Picault



Je l'ai lu ce dimanche, à la sortie de la librairie, sans avoir pris le temps de me faire mon petit rituel lecture alias " plaid - thé - chocolat", sans enlever mes chaussures, la veste jetée sur une chaise et c'était parti.

On découvre Claire, infirmière dans un service de Néonatalogie d'un hôpital parisien, qui enchaîne les rendez-vous avec les hommes. Certains durent plus longtemps que d'autres, mais une fois passé le cap fatidique des trois mois, les choses s'arrêtent, et retour au début. Mais Claire s'accroche.

Un jour, elle tombe sur celui avec qui ça pourrait marcher...

Ce n'est pas du tout un récit sur "un jour mon prince viendra", aucune mièvrerie, mais plutôt la brutalité de ce que ce sont les rencontres aujourd'hui, mais pas seulement, aussi sur la vie des femmes et des hommes aujourd'hui. Du célibataire homme ou femme, aux futurs parents, à ceux qui l'ont été il y a longtemps... Récit emprunt de brutalité mais rempli de douceur également. Un peu comme la vie, en fait.

Lu d'une traite, il a pourtant fait résonné de multiples pauses dans mon esprit, pauses car ce récit a fait résonné beaucoup de choses en moi. Sur mon histoire, celle de mes proches,
On se dit plusieurs fois "ah oui, j'ai vécu ça", "ah oui il/elle a dit ça", " ah je l'avais pas vu comme ça", on s'énerve, on rigole beaucoup aussi, parfois jaune. D'ailleurs le jaune est la couleur dominante du récit, avec le rose qui ponctue les moments de rêverie de Claire.

J'ai terminé ce roman graphique avec les larmes aux yeux et le sourire aux lèvres, ce qui pour moi témoignage de la qualité d'une oeuvre. Passer par toute une palette d'émotions et la tête remplie d'interrogations.

Je vous le conseille donc.

mardi 3 janvier 2017

Wild - Cheryl Strayed


Premier livre terminé en 2017, il était depuis longtemps sur ma wishlist et le Père Noël me l'a enfin amené sous le sapin ! Voici donc ma chronique de Wild de Cheryl Strayed paru aux éditions 10-18.

De quoi ça parle ? Lorsque sur un coup de tête, Cheryl Strayed enfile son sac à dos, elle n'a aucune idée de ce qui l'attend. Tout ce qu'elle sait, c'est que sa vie est un désastre. Entre une mère trop aimée, brutalement disparue, un divorce douloureux et un lourd passé de junky, Cheryl vacille. Pour tenir debout et affronter les fantômes de son passé, la jeune Cheryl n'a aucune réponse, mais un point de fuite : tout quitter pour une randonnée sur le " Chemin des crêtes du Pacifique ". Lancée au cœur d'une nature immense et sauvage, seule sous un sac à dos trop lourd, elle doit avancer pour survivre, sur 1700 kilomètres d'épuisement et d'effort, et réussir à atteindre le bout d'elle-même. Une histoire poignante et humaine, où la marche se fait rédemption. 

T'en as pensé quoi ? Je n'ai volontairement pas vu le film avant de lire le livre, car bien souvent le film est approximatif face au récit, coupe dans le gras de l'histoire et nous promet quelques beaux facepalm. Donc j'y allais vierge de tout jugement, à part que je savais que ce livre avait changé la vie de beaucoup de personnes. Et que deux camps s'affrontent aujourd'hui : ceux qui ont lu le livre contre ceux qui ont vu le film.




L'histoire est simple et on peut facilement tous se reconnaître dans ce coup tête, ce ras le bol qui précipite un jour à faire quelque chose de complètement inconsidéré dans l'espoir de faire table rase du passé et d'avancer. Sauf que tout le monde ne s'achète pas du matériel de randonnée, prends son sac et décide de faire le Pacific Crest Trail. 

Ce roman, à mi chemin entre la quête de soi et le petit manuel de "ce qu'il ne faut pas faire quand on veut réussir une randonné de plusieurs mois", nous offre en même temps qu'un sentiment de liberté, de grandes périodes de solitude au côté de Cheryl. On marche avec elle, on souffre avec elle, on perdrait presque ses ongles de pieds avec elle. Et quand on croise quelqu'un, Cheryl et nous, on est très contents d'aller lui parler, d'échanger. 

Ce qui fait, qu'à l'inverse, parfois on en a un petit peu ras le bol de la solitude, de la douleur, de Monster qui pèse sur nos épaules, et qu'on crèverai d'envie de prendre la première bagnole et de rentrer prendre un bain avec un verre de bon Bordeaux. Mais une fois le livre achevé, une fois la fin dévoilée, on l'aime tellement cette Cheryl, on est tellement fière d'elle qu'on aurait pu là suivre encore jusqu'à Washington. 

Bref, j'ai beaucoup aimé la lecture, même si j'ai trouvé qu'il y avait parfois quelques longueurs. Si vous le lisez, je vous conseille de visiter Instagram pendant votre lecture avec le hashtag #pct et aussi le compte IG de @pctassociation , vous aurez ainsi les visuels des endroits traversés et les visages épuisés des marcheurs. Histoire de se mettre encore plus dans l'ambiance.

Bonne lecture !