dimanche 16 décembre 2018

Les Fivettes - Eleonora Mazzoni



Résumé : Publié en Italie où son succès fut énorme, ce roman, traduit par Paola Casadei se lit comme un journal intime, celui de Carla, une femme accomplie.
À quarante ans, elle aime enseigner Sénèque, a du charme et a rencontré l’amour avec un compagnon presque parfait. Mais tout se complique lorsqu’ils décident d’avoir un enfant…
En tentant la fécondation in vitro elle se lie d’amitié à d’autres femmes chaleureuses et solidaires, à l’hôpital ou sur les chats. Les fivettes emploient un langage bien à elles, non dénué d’humour. C’est la performance d’Eleonora Mazzoni, comédienne, qui a suivi le même parcours et parvient miraculeusement à faire de l’humour sur un thème très sérieux et parfois dramatique.
Vouloir un enfant à tout prix peut-il vous rendre dépendant ?

T'en as pensé quoi ? Difficile de parler d'un livre qui me touche d'aussi près. Comme on dit, parler de ce livre, c'est parler de moi. Ce livre traite du sujet tabou de l'infertilité. Tabou car les limites de son accessibilité sont encore décidés par une petite bande de personnes qui pensent savoir ce qui est le mieux pour les femmes.

Les Fivettes, c'est une belle ode à la féminité, au libre choix, à la maternité mais surtout à la puissance des femmes. Car qui pourrait mieux affronter toutes ce chemin plus que tortueux, qui joue autant sur les nerfs qu'une femme ? L'expérience que vit le personnage principal relève d'un parcours du combattant qu'on pense impossible à franchir.

La preuve quand on en parle autour de nous, la première réaction est très souvent " Je sais pas comment t'as fait, moi j'y serai jamais arrivée".
On a tous des forces insoupçonnées en nous, cette épreuve en est un exemple.

Que ce soit les ponctions décrites dans le roman, les piqûres d'hormones, ce chemin fait par le personnage principal et les personnages secondaires, ces compagnes d'infortune qui sont autant d'épreuves à traverser.

J'ai aimé le ton du roman, j'ai aimé la façon de raconter, j'aurai aimé que l'histoire se passe en France, et que le livre résonne dans l'actualité pour pouvoir l'envoyer à nos chers ministres.

Pour terminer, vous aurez compris que j'ai aimé ce livre parce qu'il résonne avec ma propre histoire. Mais aussi parce que le style, le ton, l'histoire, tout m'a convaincu. Un livre à mettre entre toutes les mains. De celles qui traversent cette épreuve, comme de leurs proches.

Merci à la maison d'édition Chèvre-Feuille Etoilée de me l'avoir envoyé.


vendredi 19 octobre 2018

Ecotopia - Ernest Callenbach

Ce roman m'a été gracieusement offert par la maison d'édition Rue de l’Échiquier Fictions que je remercie encore chaleureusement. Cette histoire m'a surprise, agacée parfois, je remercie donc cette maison d'édition de m'avoir confiance et j'espère que ma critique objective leur plaira même si elle contient quelques critiques concernant ce livre.


Résumé : Trois Etats de la côte Ouest des Etats-Unis - la Californie, l'Oregon et l'Etat de Washington - décident de faire sécession et de construire, dans un isolement total, une société écologique radicale, baptisée Ecotopia. Vingt ans après, l'heure est à la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays. Pour la première fois, l'Ecotopia ouvre ses frontières à un journaliste américain, William Weston.

Ce roman est traduit de l'anglais par Brice Matthieussent qui signe également la préface du livre.

T'en as pensé quoi ? 

Il y a du Vian, du Tournier, et sûrement plein d'auteurs de nature writing dans ce livre.
Du nature writing, et du city writing (est ce que ça se dit ?) dans cette histoire qui relate la Sécession de la côte Ouest des Etats-Unis pour devenir un état indépendant : l'Ecotopia.

Commençons par le style du livre, affiché dès le début, il peut être déroutant. En effet, on se partage entre deux éléments distincts, qu'on pourrait presque lire indépendamment l'un de l'autre. Le premier est le journal du personnage principal, qui est auteur des articles qui constituent le second élément du livre. Ces articles qu'il envoie au N.Y Times relate son expérience en Ecotopia, les différents éléments qu'il observe, alors que son journal est beaucoup plus intime. Cet intime qui pourra être déroutant, et parfois malaisant au fur et à mesure du récit.

Comme c'est un roman fort, toute une société qui se réinvente, les décisions prises que ce soit au niveau de la société ou au niveau de l'intime tranchent profondément avec la société telle qu'on là connait aujourd'hui, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis. 

J'ai vraiment aimé lire un essai à travers les articles (certes, pas objectif, ce qui tranche avec la définition de l'essai tel que je le conçois aujourd'hui) sur l'Ecotopia, son organisation dans tous les domaines, son éducation, etc.. Moi qui ne vais pas vers ce genre de livre habituellement, ce fût une belle surprise.

J'ai cependant moins accroché avec le personnage principal. Son changement d'opinion sur cette société bien qu'attendu était intéressant, mais toute la dernière partie du livre, son obsession pour lui-même, ses émotions, sa sexualité (sérieusement..) m'ont au bout d'un moment un peu agacé.
Après, le livre a été écrit en 1975, ne l'oublions pas ! Je ne sais pas si on se retrouverait le même genre de récit aujourd'hui écrit par un homme. Il est important de remettre le livre dans son époque.

En parlant d'époque, dans la très intéressante préface écrite par Brice Matthieussent, est soulevée la notion que ce livre collerait très bien avec l'époque actuelle, avec l'élection de Trump et la volonté affichée par la Californie de vouloir faire sécession, mais aussi avec des films sortis récemment (par récemment j'entends depuis les années 90). Ainsi, si les thématiques abordées dans Ecotopia sont donc plus que jamais actuelles, je me dis que seulement le personnage principal a peut-être un peu vieilli.

Ensuite pour les mots, les images employées, j'y reconnaissais parfois du Vian, dans l’Écume des jours, par la description de certains bâtiments, de certaines utilisations..J'ai aimé l'imaginaire développé, cela rappelait l'Utopie, le rêve.

Et pour Tournier, bien sûr les descriptions de la nature, mais aussi l'évocation des bains m'a rappelé cette boue dans lequel Robinson se baigne, quelque peu hallucinogène, qui le détend et lui permet d'oublier, de se créer un autre monde..Peut-être le personnage principal est-il resté dans cette boue ? Peut-être que tout le récit relève en fait d'une hallucination collective ?

Je serai curieuse si vous le lisez que vous me disiez ce que vous pensez de cette fin, qui m'a surprise, et qui je l'espère vous surprendra vous aussi.


jeudi 4 octobre 2018

Habemus Piratam- Pierre Raufast

Résumé 


Un jour, dans la vallée de Chantebrie, l'abbé Francis reçoit en confession un mystérieux pirate informatique qui s'accuse d'avoir enfreint les Dix Commandements. Avec délice, le prêtre plonge dans des histoires incroyables, comme celles du faux vol de La Joconde, de la romancière à succès piégée par un drone ou de Toulouse privée d'électricité au nom des étoiles. Il met alors le doigt dans un engrenage numérique qui va l'entraîner beaucoup plus loin que prévu...


T'en as pensé quoi ?
Un nouveau Pierre Raufast, on devrait le déguster comme un met précieux, rare, tout doucement et en prenant notre temps. Mais parce que c'est toujours excellent, je ne peux m'empêcher de le dévorer, goulûment en quelques heures.

Cette fois, l'auteur aborde les thématiques du hacking, du dark web et autres joyeusetés permises par notre omniprésence sur internet.
Le récit est articulé autour d'une conversation entre un prêtre et un hackeur. Celui-ci vient se confesser sur tous ces méfaits en attendant le jugement final qui, d'après lui, ne devrait pas tarder.

L'articulation du récit est faite de manière épisodique : un récit par péché capital. Ce qui permet une lecture fluide, des chapitres courts, un rythme qui ne s'embourbe pas dans des longueurs interminables. Une lecture rapide donc, mais pas dénuée pour autant d'humour et de retournements de situation.

Ce qui marche aussi, c'est la précision des détails. On constate en effet dès le début de l'histoire que l'auteur n'emploie pas les termes appartenant au jargon de l'informatique, du développement, du web et du hacking sans en connaitre les définitions. Il les utilise à bon escient, dans le bon contexte, et c'est ce qui fait toute la précision du récit. On aurait pu craindre qu'un récit surfant sur la thématique du dark web se laisse aller à la facilité, mais pas du tout. Je soupçonne un travail de longue haleine d'infiltration de ce dernier, auprès de vrais hackeurs pour raconter l'histoire avec les termes appropriés.
Et c'est très appréciable, encore plus personnellement, moi qui ne suis pas une hackeuse mais qui ai gravité autour de ce jargon (même si j'avoue que le lexique à la fin m'a bien aidé) et qui a un mari qui est développeur. Donc l'informatique, le web, le codage, j'en entends souvent parler à la maison..

Tout cela enveloppé dans la plume légère, fluide, acide de Pierre Raufast, dans son humour et sa précision. Tous ces qualités font que ce récit est pour moi un véritable coup de cœur. C'est un livre court, qui se lit vite, et qui sera conquérir les lecteurs qui ont peur des gros livres mais qui veulent passer un bon moment avec un sujet plus qu'actuel. Je le recommande très vivement.

mardi 2 octobre 2018

Lectures de Septembre - Bilan




Ca fait longtemps depuis la dernière fois où j'ai posté quelque chose ici.. Je profite du Pumpkin Autunm Challenge pour dresser mon bilan des lectures de Septembre avec un petit top et flop.


TOPS

Habemus Piratam - Pierre Raufast 

Celui là je vous en parle très très bientôt (dans deux petits jours en fait) mais je ne peux vous dire qu'une chose : Gros Coup de Cœur !

L’œil le plus bleu - Toni Morrison 

De quoi ça parle ? Chaque nuit, Pecola priait pour avoir des yeux bleus. Elle avait onze ans et personne ne l'avait jamais remarquée. Mais elle se disait qu'avec des yeux bleus tout serait différent. Elle serait si jolie que ses parents arrêteraient de se battre, que son père ne boirait plus, que son frère ne ferait plus de fugues. Si seulement elle était belle, si seulement les gens la regardaient.
Quand quelqu'un entra, la regarda enfin, c'était son père et il était ivre. Elle faisait la vaisselle et il la viola sur le sol de la cuisine, partagé entre la haine et la tendresse....

T'en as pensé quoi ? Attention, monument. Toni Morrison est une des plus grandes autrices américaines de notre époque. Elle traite dans ses romans de l'enfance, du féminisme, d'esclavage et plus généralement des noirs dans la société américaine. Ces romans sont percutants, difficiles, intransigeants, et j'adore parce que l'autrice n'y va pas par quatre chemins pour décrire des situations qui auraient très bien pu se produire dans la réalité. Ce roman est son premier, et le premier que je lis en entier. Autant commencer par le début non ? Toutes les thématiques sont déjà installées, et il ne m'a donné qu'une envie : le terminer vite et passer au prochain. Direction Beloved, donc. Celui qui me faisait tant peur quand je l'ai étudié à l'école. 

Dracula - Bran Stokker

De quoi ça parle ? Jonathan Harker, jeune notaire, est envoyé en Transylvanie pour rencontrer un client, le Comte Dracula, nouveau propriétaire d'un domaine à Londres. A son arrivée, il découvre un pays mystérieux et menaçant, dont les habitants se signent au nom de Dracula. Malgré la bienveillance de son hôte, le jeune clerc ne peut qu'éprouver une angoisse grandissante.
Très vite, il se rend à la terrifiante évidence: il est prisonnier d'un homme qui n'est pas un homme. Et qui partira bientôt hanter les nuits de Londres...

T'en as pensé quoi ? Je l'ai mis dans mes tops, mais il y a quand même quelque chose qui me gène énormément et je préfère l'annoncer dès le début : j'aimerai bien savoir exactement quel est le problème de l'auteur avec les femmes. Toutes les femmes qui peuplent son récit sont un peu nunuches, se laissent complètement influencer par les hommes, et j'arrête là sinon je vais vous spoiler. Les hommes traitent les femmes comme des petites choses fragiles inutiles, à part pour séduire le grand méchant vampire. Peut-être que c’était juste la faute d’ une autre époque... 
Alors pourquoi dans les tops ? Parce que j'ai trouvé que les possessions de Dracula étaient sensuelles, que le style était actuel et pas empâté dans un verbiage victorien lourdingue, et que l'histoire est prenante...Mais la façon dont les femmes sont traitées, ça m'a quand même bien gâché ma lecture !

L'homme des morts - V.M Zito

De quoi ça parle ? La civilisation a disparu. Un homme est resté. Pour tuer les morts. Depuis le début de l’infection zombie, il y a quatre ans, le fleuve Mississippi sépare les États-Unis en deux zones. À l’Est, la zone saine est sous le joug d’une dictature féroce ; l’Ouest, des contrées interdites et infectées, est le territoire des morts-vivants et de quelques groupes de survivants incontrôlables. Henry Marco, un ancien neurochirurgien, est resté dans le Nevada. Mercenaire au service des familles de l’Est, il traque et tue les zombies qu’on lui désigne, permettant aux proches de faire leur deuil. Mais Marco, qui a compris que les zombies reviennent toujours sur les lieux qu’ils ont aimés, espère surtout retrouver sa femme, disparue après la catastrophe.

T'en as pensé quoi ? Vous cherchez un bon livre avec un road trip, un mode surviror, des zombies, une armée dépassée..Bref,une lecture facile pour se détendre après une journée longue et difficile ? Allez foncez sur l'homme des morts. Je l'ai lu en vacances, il est passé tout seul. Ce n'est pas le plus grand livre de l'histoire, mais malgré certaines choses qu'on voit venir, il y a du suspens, un peu de gore et ça se lit tout seul. Bref : foncez.

FLOPS

Les soeurs carmines - Ariel Holz

De quoi ça parle ? Merryvère Carmine est une monte-en-l’air, un oiseau de nuit qui court les toits et cambriole les manoirs pour gagner sa vie. Avec ses sœurs, Tristabelle et Dolorine, la jeune fille tente de survivre à Grisaille, une sinistre cité gothique où les mœurs sont plus que douteuses. On s’y trucide allègrement, surtout à l’heure du thé, et huit familles d’aristocrates aux dons surnaturels conspirent pour le trône. Après un vol désastreux, voilà que Merry se retrouve mêlée à l’un de ces complots ! Désormais traquées, les Carmines vont devoir redoubler d’efforts pour échapper aux nécromants, vampires, savants fous et autres assassins qui hantent les rues…

T'en as pensé quoi ? J'ai conscience de m'attaquer à un livre que beaucoup de personnes, surtout dans le milieu des fans de Young Adult SFFF, seulement avec moi ça ne l'a pas fait.. Peut-être suis-je trop âgée pour aimer le courant Y.A ou c'est le sujet qui n'a pas marché. Pourtant le style d'écriture est accrocheur, ce sont des personnages féminins plutôt cools avec des personnalités bien affirmées, mais j'ai trouvé certaines réflexions un peu trop gamines et le contenu général plutôt maigre. Cependant, toute la construction de la cité dans laquelle les personnages évoluent est impressionnant, clairement l'auteur a dressé une véritable cartographie des lieux, cela doit être remarqué. J'ai eu du mal à accrocher et la lecture m'a paru longue..

Et voilà c'est tout pour mes lectures du mois de Septembre !

A très vite pour mon plus gros coup de cœur du mois !

samedi 18 novembre 2017

Les Stances à Sophie




Ce mois-ci, je participe à Femini-Books, un club de lecture dédié au féminisme dans la littérature, par le biais d'autrices qui décrivent dans leurs œuvres la condition des femmes dans la société d'hier, d'aujourd'hui et du futur. Pendant tout le mois de Novembre, les booktubeuses et blogueuses partagent leurs coups de cœur et c'est ainsi l'occasion de découvrir d'excellentes lectures ! Vous pouvez retrouver l'intégralité de ce mois consacré à la littérature féministe sur le compte Twitter de Femini Books : https://twitter.com/FeminiBooks

Ce mois-ci Fémini Books est sur Youtube  (vous pouvez les retrouver avec l'intitulé FEMINI BOOKS dans les vidéos ou encore avec la playlist sur la chaîne de la booktubeuse Opalyne) mais le club est aussi sur les blogs !

Hier nous étions chez World of Cléophis pour découvrir le livre de Titiou Lecoq "Libérées : le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale", et avant de retrouver Féé moi Lire demain, je vous présente aujourd'hui un livre important à mes yeux qui m'a fait rire, grincer des dents et beaucoup réfléchir.

Aujourd'hui, c'est donc à mon tour de participer avec mon coup de cœur : Les Stances à Sophie par Christiane Rochefort

Résumé Céline, jeune femme libérée, fait la connaissance de Philippe Aignan, un riche homme d'affaires et, contre toute attente, s'en éprend et accepte de devenir sa femme alors qu'elle n'a collectionné jusque-là que des aventures suivant son style de vie.

T'en as pensé quoi ? Je cherchais une lecture féministe avec des thématiques comme une réflexion de femme sur la vie actuelle, de couple, du rapport avec les autres (hommes et femmes) et on m'a donc conseillé "Les Stances à Sophie".

Je le note, le réserve à la Réserve Centrale puis l'oublie un peu. Lors de ma visite hebdomadaire en bibliothèque, je vois qu'il est disponible. Comme parfois avec la réserve, on peut avoir des surprises, je me retrouve avec un livre relié avec une couverture en tissu et les pages qu'il ne fallait pas trop malmener. J'avoue avoir un peu pris peur, je regarde la date de parution : 1963. 

Oulà.

Et en fait c'est le roman sur le couple, la femme, le mariage, les relations humaines peut-être le plus actuel que j'ai pu lire jusqu'à maintenant. L'autrice analyse par une série de réflexion la façon dont les hommes s'approprient la façon dont leurs compagnes doivent être (en tout cas en 1963, mais je mets au défi de nombreux couples de ne pas se reconnaître un minimum dans le récit) en société et dans l'intimité ( les premières lignes sur la façon dont Phillipe le compagnon de Cécile, le personnage principal, indique à sa copine combien elle serait mieux avec des cheveux longs, qu'elle ne devrait pas lire autant mais plutôt se préoccuper de son apparence sont drôles et en même temps complètement grinçantes et glaçantes). 

Et les choses ne s'arrangent pas une fois mariés…Cécile, la narratrice, réalise tout le long du récit un cheminement personnel dans lequel elle commencera par se perdre par amour pour son mec, pour se retrouver ensuite grâce à des rencontres précieuses pour elle, juste pour elle.


Cependant ce n'est pas seulement un roman sur le couple, mais aussi sur les relations sociales qu'on peut avoir dans le cadre de la belle famille ou des amies, sur le fait que personne ne s'écoute, que les discussions sont le règne du "MoiJe" (avouez, on le fait tous). L'autrice livre d'ailleurs quelques conseils pour se blinder, se protéger en observant ce petit cirque sans en prendre part et sans souffrir de ce que la famille/les amis de l'Autre peuvent dire/penser de vous. On pourrait presque l'appeler "guide de survie en société".

Bref, j'ai adoré ce livre, à tel point que je compte l'offrir à nombre de mes connaissances féminines, amies, mère, et sœur. 


Références : Les Stances à Sophie, écrit par Christiane Rochefort. Publié chez Le Livre de Poche (mais trouvable uniquement en occasion ou en bibliothèque)

Et n'oubliez pas ! Rendez-vous demain chez Fée Moi Lire

lundi 13 novembre 2017

L'art de la guerre 2


Résumé : « Dans la vie, on ne fait que s’occuper. Alors s’il nous arrive des trucs, bah tant mieux, ça laissera l’occasion de se rendre compte plus tard si on a Alzheimer. Et d’ailleurs, c’est les trucs les plus tristes qui font les meilleures histoires, une fois qu’on les a laissés vieillir en fûts de souvenirs. Les trucs moyens, on s’en fout : soit on ne les raconte pas, soit ils se rappellent plus de nous. » 2 500 ans après Sun Tzu, Sophie-Marie Larrouy écrit la suite du premier best-seller de l’histoire. Parce que nos guerres ont changé. Parce qu’on a plutôt en mémoire des galères de couples que des souvenirs de batailles en rase campagne. Parce que l’odeur des sapinettes accrochées au rétro nous est plus familière que celle des bivouacs militaires. Parce qu’il est beaucoup plus dur d’aimer les gens que d’être fâché tout le temps.

T'en as pensé quoi ? Quand on dit qu'un roman nous parle, on évoque souvent des émotions qu'on a pu ressentir en même temps que le personnage. Rarement parce que tout concorde et correspond avec notre propre enfance, avec des choses qu'on aurait très bien pu vivre.

Ici, du moins pour la partie Enfance et Adolescence, ce que l'autrice évoque dans son récit correspond en tout points à des situations que j'ai vécu, à des questions que j'ai pu me poser. Ages proches, vie à la campagne, envie d'être quelqu'un d'autre, ne pas comprendre certaines choses et puis la vie d'adulte qui arrive, et tout ce que ça entraîne..

Je me suis reconnue dans ce roman, dans ces questionnements. Sans en faire des caisses, c'est tout simplement une histoire qui va avec son époque. Nos amies auraient pu nous là raconter.

C'est peut-être un des premiers livres que j'ai lu qui parle autant de l'époque, de la mienne, passée et présente. 


Alors merci à l'autrice d'en parler avec autant de justesse et d'émotion. 

Références : L'art de la guerre 2, par Sophie-Marie Larrouy publié chez Flammarion. 

samedi 4 novembre 2017

Au revoir là-haut

Résumé  : « Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d'avantages, même après. »
Sur les ruines du plus grand carnage du XX° siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu'amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec Ses morts...

T'en as pensé quoi ? Quand je l'ai trouvé en librairie (la librairie Le Bookstore à Biarritz, une merveille) il y avait une note du libraire sur la couverture qui indiquait qu'on se ferait happer par le premier chapitre et qu'on ne pourrait pas refermer le livre avant de savoir comment ce ce chapitre se terminerait. Et...ce fût le cas ! 

L'écriture de Pierre Lemaitre est prenante, nous étions dans la tranchée avec les soldats, au cœur des tirs, baïonnette au canon, à l’affût du moindre assaut. Il possède un style franc et aussi très imagé qui permet de se représenter très vite l'action qui se déroule devant nous. 

Cependant, une fois l'assaut terminé, les blessés évacués, on a encore la tête qui tourne un peu, mais l'assaut passé, j'ai eu du mal, dans un premier temps à rester accrochée au récit. J'étais encore dans la fureur du combat que revenir à un rythme plus calme m'a déstabilisée. J'ai donc laissé le marque page dans le livre et je suis passée à autre chose. 

Et puis, le film est sorti. J'avais oublié l'histoire, mais je voulais voir le film car la thématique de la première guerre mondiale, ajoutée au style de Dupontel, tout cela me séduisait. 
Sortie en famille, on va voir le film, j'en suis ressortie bouleversée par le film, émerveillée par l'esthétique, et avec la furieuse envie de reprendre ma lecture. 

Je l'ai donc reprise, avec en tête, forcément les visages de Dupontel et Nahuel Perez Biscayart pour les personnages d'Albert et Edouard, et idem pour les autres personnages de l'histoire.. Mais cela n'a pas gêné ma lecture. 

Et cette fois je me suis laissée embarquer dans l'historie, et je l'ai lu avec le plaisir de découvrir une histoire qui était sur la même racine que le film mais qui allait en profondeur (en 619 pages, on a plus le temps d'aller loin dans les détails, les personnages, leurs émotions, que dans un film d'1h30) et qui permettait de comprendre encore mieux l'histoire et de l'apprécier encore plus. 

L'histoire en elle même est bouleversante, les personnages sont touchants, tous ont leur part d'ombre, et on aime suivre leurs histoires à travers cette période d'après guerre où chacun se débattait avec son passé, ses fantômes pour essayer d'affronter chaque jour le quotidien. Les ordures sont encore plus des ordures, les gentils ne sont plus vraiment gentils car ils essayent juste de s'en sortir. La grande histoire et ses conséquences (traumatismes, gueules cassés) rencontre les magouilles horribles (trafic de cadavres, dépouillement des morts..) et les petites arnaques. Evidemment, on ne peut s'empêcher de penser : et nous, qu'aurions nous fait ?

Le livre fait 619 pages, cela peut paraître un peu long, mais on y suit plusieurs histoires qui se recoupent et ont toutes une thématique commune : les conséquences de la première guerre mondiale sur les hommes et les femmes. Gérer l'après, ses conséquences sur ces hommes abimés par les attrocités de la guerre.

Je retiendrais une phrase parmi d'autres tirée du livre : "L'ennemi du militaire, c'est pas la guerre, c'est la hierarchie." 

Au revoir là- haut est une merveille. Je vous conseille de lire le livre avant le film, mais les deux se complètent très bien. Il existe également une bande dessinée que je n'ai pas encore en ma possession mais que je compte bien acquérir bientôt. 

Références : Au revoir là-haut, Pierre Lemaitre , Albin Michel. Prix Goncourt 2013. Disponible également en format poche.