samedi 18 novembre 2017

Les Stances à Sophie




Ce mois-ci, je participe à Femini-Books, un club de lecture dédié au féminisme dans la littérature, par le biais d'autrices qui décrivent dans leurs œuvres la condition des femmes dans la société d'hier, d'aujourd'hui et du futur. Pendant tout le mois de Novembre, les booktubeuses et blogueuses partagent leurs coups de cœur et c'est ainsi l'occasion de découvrir d'excellentes lectures ! Vous pouvez retrouver l'intégralité de ce mois consacré à la littérature féministe sur le compte Twitter de Femini Books : https://twitter.com/FeminiBooks

Ce mois-ci Fémini Books est sur Youtube  (vous pouvez les retrouver avec l'intitulé FEMINI BOOKS dans les vidéos ou encore avec la playlist sur la chaîne de la booktubeuse Opalyne) mais le club est aussi sur les blogs !

Hier nous étions chez World of Cléophis pour découvrir le livre de Titiou Lecoq "Libérées : le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale", et avant de retrouver Féé moi Lire demain, je vous présente aujourd'hui un livre important à mes yeux qui m'a fait rire, grincer des dents et beaucoup réfléchir.

Aujourd'hui, c'est donc à mon tour de participer avec mon coup de cœur : Les Stances à Sophie par Christiane Rochefort

Résumé Céline, jeune femme libérée, fait la connaissance de Philippe Aignan, un riche homme d'affaires et, contre toute attente, s'en éprend et accepte de devenir sa femme alors qu'elle n'a collectionné jusque-là que des aventures suivant son style de vie.

T'en as pensé quoi ? Je cherchais une lecture féministe avec des thématiques comme une réflexion de femme sur la vie actuelle, de couple, du rapport avec les autres (hommes et femmes) et on m'a donc conseillé "Les Stances à Sophie".

Je le note, le réserve à la Réserve Centrale puis l'oublie un peu. Lors de ma visite hebdomadaire en bibliothèque, je vois qu'il est disponible. Comme parfois avec la réserve, on peut avoir des surprises, je me retrouve avec un livre relié avec une couverture en tissu et les pages qu'il ne fallait pas trop malmener. J'avoue avoir un peu pris peur, je regarde la date de parution : 1963. 

Oulà.

Et en fait c'est le roman sur le couple, la femme, le mariage, les relations humaines peut-être le plus actuel que j'ai pu lire jusqu'à maintenant. L'autrice analyse par une série de réflexion la façon dont les hommes s'approprient la façon dont leurs compagnes doivent être (en tout cas en 1963, mais je mets au défi de nombreux couples de ne pas se reconnaître un minimum dans le récit) en société et dans l'intimité ( les premières lignes sur la façon dont Phillipe le compagnon de Cécile, le personnage principal, indique à sa copine combien elle serait mieux avec des cheveux longs, qu'elle ne devrait pas lire autant mais plutôt se préoccuper de son apparence sont drôles et en même temps complètement grinçantes et glaçantes). 

Et les choses ne s'arrangent pas une fois mariés…Cécile, la narratrice, réalise tout le long du récit un cheminement personnel dans lequel elle commencera par se perdre par amour pour son mec, pour se retrouver ensuite grâce à des rencontres précieuses pour elle, juste pour elle.


Cependant ce n'est pas seulement un roman sur le couple, mais aussi sur les relations sociales qu'on peut avoir dans le cadre de la belle famille ou des amies, sur le fait que personne ne s'écoute, que les discussions sont le règne du "MoiJe" (avouez, on le fait tous). L'autrice livre d'ailleurs quelques conseils pour se blinder, se protéger en observant ce petit cirque sans en prendre part et sans souffrir de ce que la famille/les amis de l'Autre peuvent dire/penser de vous. On pourrait presque l'appeler "guide de survie en société".

Bref, j'ai adoré ce livre, à tel point que je compte l'offrir à nombre de mes connaissances féminines, amies, mère, et sœur. 


Références : Les Stances à Sophie, écrit par Christiane Rochefort. Publié chez Le Livre de Poche (mais trouvable uniquement en occasion ou en bibliothèque)

Et n'oubliez pas ! Rendez-vous demain chez Fée Moi Lire

lundi 13 novembre 2017

L'art de la guerre 2


Résumé : « Dans la vie, on ne fait que s’occuper. Alors s’il nous arrive des trucs, bah tant mieux, ça laissera l’occasion de se rendre compte plus tard si on a Alzheimer. Et d’ailleurs, c’est les trucs les plus tristes qui font les meilleures histoires, une fois qu’on les a laissés vieillir en fûts de souvenirs. Les trucs moyens, on s’en fout : soit on ne les raconte pas, soit ils se rappellent plus de nous. » 2 500 ans après Sun Tzu, Sophie-Marie Larrouy écrit la suite du premier best-seller de l’histoire. Parce que nos guerres ont changé. Parce qu’on a plutôt en mémoire des galères de couples que des souvenirs de batailles en rase campagne. Parce que l’odeur des sapinettes accrochées au rétro nous est plus familière que celle des bivouacs militaires. Parce qu’il est beaucoup plus dur d’aimer les gens que d’être fâché tout le temps.

T'en as pensé quoi ? Quand on dit qu'un roman nous parle, on évoque souvent des émotions qu'on a pu ressentir en même temps que le personnage. Rarement parce que tout concorde et correspond avec notre propre enfance, avec des choses qu'on aurait très bien pu vivre.

Ici, du moins pour la partie Enfance et Adolescence, ce que l'autrice évoque dans son récit correspond en tout points à des situations que j'ai vécu, à des questions que j'ai pu me poser. Ages proches, vie à la campagne, envie d'être quelqu'un d'autre, ne pas comprendre certaines choses et puis la vie d'adulte qui arrive, et tout ce que ça entraîne..

Je me suis reconnue dans ce roman, dans ces questionnements. Sans en faire des caisses, c'est tout simplement une histoire qui va avec son époque. Nos amies auraient pu nous là raconter.

C'est peut-être un des premiers livres que j'ai lu qui parle autant de l'époque, de la mienne, passée et présente. 


Alors merci à l'autrice d'en parler avec autant de justesse et d'émotion. 

Références : L'art de la guerre 2, par Sophie-Marie Larrouy publié chez Flammarion. 

samedi 4 novembre 2017

Au revoir là-haut

Résumé  : « Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d'avantages, même après. »
Sur les ruines du plus grand carnage du XX° siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu'amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec Ses morts...

T'en as pensé quoi ? Quand je l'ai trouvé en librairie (la librairie Le Bookstore à Biarritz, une merveille) il y avait une note du libraire sur la couverture qui indiquait qu'on se ferait happer par le premier chapitre et qu'on ne pourrait pas refermer le livre avant de savoir comment ce ce chapitre se terminerait. Et...ce fût le cas ! 

L'écriture de Pierre Lemaitre est prenante, nous étions dans la tranchée avec les soldats, au cœur des tirs, baïonnette au canon, à l’affût du moindre assaut. Il possède un style franc et aussi très imagé qui permet de se représenter très vite l'action qui se déroule devant nous. 

Cependant, une fois l'assaut terminé, les blessés évacués, on a encore la tête qui tourne un peu, mais l'assaut passé, j'ai eu du mal, dans un premier temps à rester accrochée au récit. J'étais encore dans la fureur du combat que revenir à un rythme plus calme m'a déstabilisée. J'ai donc laissé le marque page dans le livre et je suis passée à autre chose. 

Et puis, le film est sorti. J'avais oublié l'histoire, mais je voulais voir le film car la thématique de la première guerre mondiale, ajoutée au style de Dupontel, tout cela me séduisait. 
Sortie en famille, on va voir le film, j'en suis ressortie bouleversée par le film, émerveillée par l'esthétique, et avec la furieuse envie de reprendre ma lecture. 

Je l'ai donc reprise, avec en tête, forcément les visages de Dupontel et Nahuel Perez Biscayart pour les personnages d'Albert et Edouard, et idem pour les autres personnages de l'histoire.. Mais cela n'a pas gêné ma lecture. 

Et cette fois je me suis laissée embarquer dans l'historie, et je l'ai lu avec le plaisir de découvrir une histoire qui était sur la même racine que le film mais qui allait en profondeur (en 619 pages, on a plus le temps d'aller loin dans les détails, les personnages, leurs émotions, que dans un film d'1h30) et qui permettait de comprendre encore mieux l'histoire et de l'apprécier encore plus. 

L'histoire en elle même est bouleversante, les personnages sont touchants, tous ont leur part d'ombre, et on aime suivre leurs histoires à travers cette période d'après guerre où chacun se débattait avec son passé, ses fantômes pour essayer d'affronter chaque jour le quotidien. Les ordures sont encore plus des ordures, les gentils ne sont plus vraiment gentils car ils essayent juste de s'en sortir. La grande histoire et ses conséquences (traumatismes, gueules cassés) rencontre les magouilles horribles (trafic de cadavres, dépouillement des morts..) et les petites arnaques. Evidemment, on ne peut s'empêcher de penser : et nous, qu'aurions nous fait ?

Le livre fait 619 pages, cela peut paraître un peu long, mais on y suit plusieurs histoires qui se recoupent et ont toutes une thématique commune : les conséquences de la première guerre mondiale sur les hommes et les femmes. Gérer l'après, ses conséquences sur ces hommes abimés par les attrocités de la guerre.

Je retiendrais une phrase parmi d'autres tirée du livre : "L'ennemi du militaire, c'est pas la guerre, c'est la hierarchie." 

Au revoir là- haut est une merveille. Je vous conseille de lire le livre avant le film, mais les deux se complètent très bien. Il existe également une bande dessinée que je n'ai pas encore en ma possession mais que je compte bien acquérir bientôt. 

Références : Au revoir là-haut, Pierre Lemaitre , Albin Michel. Prix Goncourt 2013. Disponible également en format poche.